META 2c

INDUSTRIE 4.0 une nouvelle révolution : L'opportunité pour une redéfinition des relations franco-saoudiennes

Par Faisal BIN DOS

CEO, Ingénieur et Citoyen franco-saoudien

INDUSTRIE 4.0 relations franco saoudiennes 02

La France et l’Arabie Saoudite ont connu des changements majeurs au cours de la dernière décennie, au cours de laquelle les piliers de leur coopération, à savoir les échanges de pétrole et d’armement initiés en 1967, sont restés significatifs mais ont perdu de leur pertinence face aux nombreux défis macroéconomiques et politiques auxquels les deux pays ont été confrontés.

Sous la direction de son nouveau jeune leader, le Kingdom of Saudi Arabia – KSA – s’est engagé dans d’importantes réformes sociétales et économiques pour préparer le pays à l’après-pétrole. L’objectif est de diversifier l’économie et assurer des opportunités d’emploi dans un monde régi par l’innovation et la concurrence rapides. La France, également sous la direction d’un nouveau leader de la même génération, a entamé un cycle de réformes visant à libéraliser son économie et à libérer les capacités innovantes et industrielles sous-exploitées du pays.

Dès 2015, sous leurs anciens chefs d’État, les deux pays ont réalisé qu’ils devaient préparer le terrain pour l’approfondissement et la diversification de leur coopération bilatérale, en mettant cette fois l’accent sur le besoin d’innovation technologique dans des domaines autres que les industries de la défense et des énergies.

En tant que dirigeant d’une entreprise française au service de l’industrie 4.0 et en tant que citoyen saoudien, je défends l’avis que la diversification et l’approfondissement des relations franco-saoudiennes ne peuvent réussir sans impliquer des PME innovantes et spécialisées dans l’industrie 4.0 de nos deux territoires, car c’est l’ensemble des technologies et des compétences qui peuvent garantir une compétitivité durable au XXIe siècle.

Une relation historique et paradoxale

Les relations entre la France et l’Arabie Saoudite, bien que parfois éclipsées par les relations étroites entretenues par les Britanniques et les États-Unis, remontent à la fondation de l’État moderne et à la suite de la chute de l’Empire ottoman. Elles se caractérisent par une forte résilience, à l’épreuve des époques. La France a ouvert son premier consulat à Djeddah en 1839, près d’un siècle avant la fondation du Royaume tel que nous le connaissons en 1932.

Rencontre historique entre feu le roi Faisal bin Abdulaziz Al Saud et feu le président français Charles de Gaulle au palais de l'Élysée en 1967
Rencontre historique entre feu le roi Faisal bin Abdulaziz Al Saud et feu le président français Charles de Gaulle au palais de l'Élysée en 1967. 2008 © Fondation Gilles Caron (Contact Press Images)

La France a initié des relations diplomatiques avec le nouveau pays dès sa fondation. Néanmoins, il est largement considéré que ce n’est que sous le président français Charles de Gaulle qu’un réel et tangible processus de rapprochement stratégique a eu lieu. La rencontre du président français avec S.A.R. le roi Fayçal en 1967 a initié l’établissement de relations étroites aux plus hauts niveaux des deux États. D’autres visites mutuelles stratégiques des chefs d’État des deux pays ont suivi régulièrement. Depuis 1967, il y a eu plus de 20 visites officielles mutuelles impliquant les plus hauts niveaux des États entre les deux pays.

La relation a été favorisée par une convergence géopolitique et des intérêts stratégiques partagés au Moyen-Orient. Parmi les principaux éléments qui ont uni les français et saoudiens figurent des positions communes sur des questions persistantes telles que les tensions au Liban et les préoccupations concernant le rôle de l’Iran et de la Syrie sur la stabilité du pays. La posture proportionnée de la France en Afghanistan, son alignement avec les pays du Conseil de Coopération du Golfe – CCG – pendant la guerre du Golfe, ainsi que son opposition à l’invasion de l’Irak par les États-Unis en 2003 ont révélé les points communs des deux pays concernant leurs inquiétudes sur la stabilité du Moyen-Orient et la montée de la menace terroriste de masse.

INDUSTRIE 4.0 relations franco saoudiennes 01en

Ces considérations se sont traduites par une forte concentration des échanges économiques bilatéraux sur le pétrole et l’armement, car ils correspondaient aux besoins et priorités des deux pays. La signification de ce commerce bilatéral constitue toujours les principaux piliers des échanges économiques entre les deux pays, malgré les tentatives de diversification des partenaires commerciaux et de la nature de leurs économies. Les statistiques publiées en juin 2019 [voir l’article] ont montré que les achats français de pétrole saoudien ont augmenté de 50 %, atteignant 3,7 milliards d’euros entre mars 2018 et avril 2019. En 2018, les ventes d’armes françaises à l’Arabie Saoudite ont augmenté de 50 % par rapport à l’année précédente, atteignant environ 1 milliard d’euros [voir l’article].

Tout d’abord, il est important de noter la résilience de ce commerce bilatéral face aux nombreux sujets de désaccords qui ont affecté les relations franco-saoudiennes, en particulier depuis 2005. Les préoccupations de l’Arabie Saoudite se sont accumulées en relation avec la réorientation stratégique de la France sur l’Iran avant l’effondrement progressif des pourparlers nucléaires en 2018 et 2019, et la pression iranienne subséquente sur les pays du CCG, principalement sur l’Arabie Saoudite. Le développement d’un partenariat avec l’Iran a été l’un des aspects clés de la diversification des approvisionnements en pétrole de la France et de l’extension du marché pour certaines de ses industries clés, une perspective rendue irréalisable par les niveaux de tensions entre l’Iran, le CCG et l’Occident. Par extension, les critiques de l’implication saoudienne dans la guerre au Yémen, où les forces houthies ont été instrumentalisées par Téhéran, ont trouvé plus d’écho dans la société civile française, certains groupes essayant même de faire pression pour couper les exportations d’armes françaises vers l’Arabie Saoudite [voir l’article].

Les relations étroites de l’élite française avec le Qatar, bien que largement dénoncées dans la société civile française en raison de l’ambiguïté de l’implication politique du Qatar dans le pays, ont également conduit à un certain niveau de méfiance à un moment où le Qatar est accusé par les principaux pays du CCG de favoriser le terrorisme au Moyen-Orient et au-delà. La position ambiguë de la France envers Damas, considérée comme un autre pion iranien au Moyen-Orient, a été source de davantage de préoccupations lorsqu’il s’agissait de la vente d’équipements de télécommunication. Enfin, alors que la France, comme de nombreux autres pays, faisait face à des niveaux croissants de terrorisme alimentés par des groupes islamistes radicaux, le rôle de financement des associations saoudiennes dans le pays est devenu un sujet controversé, impactant l’image du Royaume.

Ce dernier a malheureusement été renforcé par la nature même des liens franco-saoudiens. Axées sur des industries pertinentes pour la souveraineté des deux pays, les relations entre la France et les citoyens saoudiens sont restées limitées aux dirigeants d’État ou de grandes entreprises, trouvant peu d’écho et de pertinence auprès de la population générale et de la masse des PME qui constituent l’épine dorsale économique de la France. Malgré des expositions nationales sur l’Arabie Saoudite organisées en 1986 et en 2010 à Paris, le grand public et les gens d’affaires souffrent d’une méconnaissance des pays et des opportunités potentielles des uns et des autres.

La nécessité et l'opportunité de changement

Un déjeuner « en tête à tête » entre Emmanuel Macron et le prince saoudien, malgré la polémique Le Parisien
Un déjeuner « en tête à tête » entre Emmanuel Macron et le prince saoudien, malgré la polémique - Le Parisien - Créateur : Stéphanie Lecocq © REUTERS

Alors que la résilience a été la caractéristique clé des relations franco-saoudiennes, les profonds désaccords et chevauchements stratégiques mentionnés ci-dessus n’ont pas dissuadé les dirigeants des deux pays de jeter les bases de nouveaux partenariats. Les deux pays sont bien conscients des faits : la France est l’un des dix principaux partenaires commerciaux de l’Arabie Saoudite dans le monde. Et actuellement, avec deux jeunes leaders atteignant les plus hautes positions de leurs pays avec le souhait de réformer leurs sociétés et leurs économies, le temps semble plus que jamais propice à une refondation des relations KSA – France. L’opportuité unique de dépasser les piliers historiques du pétrole et de l’armement, en ligne avec les plans de réforme ambitieux des deux pays : FRENCH FAB vs VISION 2030.

Cette dernière a également été favorisée par la nécessité pour l’Arabie Saoudite de diversifier son économie pour faire face aux défis de l’après-pétrole et à la diminution des revenus pétroliers. Pour la France, dans un monde de changements technologiques rapides liés à l’IA et à l’automatisation, en plein milieu des tensions croissantes affectant les chaînes d’approvisionnement, il s’agit de réindustrialiser son économie en puisant dans sa richesse d’innovations, nombreuses mais à court de liquidités, notamment pour PME et PMI. Dans les deux pays, la mise en œuvre des technologies de l’industrie 4.0 est la clé pour revitaliser l’économie et garantir l’employabilité des travailleurs à l’ère de l’innovation perpétuelle. À cet égard, les deux pays peuvent facilement assortir leurs objectifs, se complétant mutuellement.

Il convient de rappeler que des premiers pas ont été initiés par le roi Salman et le président François Hollande, qui ont adopté en mai 2015 un plan d’action visant à stimuler les relations bilatérales. Cette volonté a été confirmée, du côté français, par M. Jean-Yves Le Drian, en 2018, alors ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, dans un discours au Forum d’affaires franco- saoudien lors de la visite de S.A.R. le prince Mohammed Bin Salman en France. Dans son discours, le ministre Le Drian a mentionné des domaines clés de coopération économique à considérer pour entrer dans l’ère « post-pétrole », tels que l’agriculture, la santé, les villes durables et rappelant le potentiel touristique incroyable et inexploité de KSA. Ce dernier a été suivi d’une déclaration conjointe des deux pays en avril 2018. Parmi d’autres considérations de nature géopolitique, l’approfondissement des relations économiques bilatérales a été mentionné comme un élément clé à l’ordre du jour.

La déclaration mentionne clairement la complémentarité entre les développements de la VISION 2030 de l’Arabie Saoudite et le savoir-faire technologique français. Le texte mentionne que « la VISION 2030 du Royaume est une opportunité d’explorer de nouveaux domaines, dans les affaires et la coopération ». Le texte précise ensuite que « le savoir-faire français dans le domaine de la technologie est d’une grande importance pour tous les domaines, car son impact serait tangible, dans tous les domaines et les investissements financiers entre grandes entreprises et start-ups seront encouragés ».

Ces déclarations politiques ont été très encourageantes mais elles montrent également combien il reste à faire. En effet, à l’exception des contrats d’armement, aucune opération commerciale franco-saoudienne dans le secteur n’a pu remporter de contrat de taille comparable aux volumes de ventes réalisés dans les secteurs des armes ou du pétrole. De plus, alors que l’Union européenne exerce une influence pour interdire toutes les ventes d’armes à l’Arabie Saoudite à la suite du conflit au Yémen, il n’y aura pas d’autre moyen que de trouver d’autres domaines de coopération.

À cet égard, ce qui doit être fait pour stimuler les relations commerciales bilatérales franco- saoudiennes doit se faire d’une manière qui perturbe la nature précédente des échanges entre la France et le Royaume. Cela signifie que les PME et les innovateurs industriels doivent prendre le devant de la scène.

Mettre les PME industrielles innovantes à bord pour l'industrie 4.0

INDUSTRIE 4.0 relations franco saoudiennes 04

Alors que l’Arabie Saoudite déploie son plan VISION 2030 à grande vitesse, la France s’est également engagée dans la rénovation de ses industries, en se concentrant sur le patrimoine de PME technologiques hautement innovantes du pays. En effet, la France est un pays industriel et technique historiquement leader qui se remet juste de la crise économique qui a balayé le monde en 2008 et qui est en train de recentraliser cela aux niveaux européen et mondial.

Les industries industrielles et de défense françaises sont en train de se reconstruire pour faire face aux nouveaux changements. Durant cette période récente, ce secteur a été grandement affecté par la stagnation de l’économie française, ce qui a conduit à l’acquisition externe de grandes entreprises françaises et à la fermeture de nombre de ses usines. Le nouveau gouvernement français a lancé de nombreuses initiatives et programmes pour y faire face à la lumière d’un plan global. Par exemple, l’initiative LA FRENCH FAB, qui faisait partie du programme de l’Exposition internationale de la technologie de l’industrie future, qui s’est tenue du 27 au 30 mars 2018 à Paris sous le patronage de Son Excellence le Président de la République française. Cette exposition rassemble les principales entreprises européennes en technologie, science et industrie de l’INDUSTRIE 4.0 ; l’avenir de la fabrication.

Du design à la fabrication, les industries futures fonctionneront de plus en plus comme des systèmes interdépendants mondiaux. L’industrie 3.0 avait une approche d’intégration verticale, avec l’automatisation du processus industriel dans lequel les machines et les dispositifs ne communiquaient pas entre eux. À l’ère de l’industrie 4.0 à venir, les machines et les appareils peuvent communiquer les uns avec les autres, en utilisant de nouvelles technologies telles que l’IoT, les analyses de BIG DATA, la COBOTIQUE / la robotique, ce qui augmentera inévitablement l’efficacité des usines.

La mise en œuvre de l’industrie du futur n’est pas une option pour les entreprises françaises et du CCG si elles veulent jouer un rôle actif dans cette révolution industrielle massive. À l’ère de la connectivité omniprésente, la fabrication comme de nombreux autres secteurs est en train d’intégrer l’IA et l’automatisation d’une manière qui augmente le contrôle de la qualité, les délais de livraison et la mise en œuvre correcte des processus de fabrication.

La FRENCH FAB a été une vitrine remarquable des capacités que les entreprises françaises pourraient apporter pour soutenir la diversification de l’économie du Royaume à l’ère post- pétrolière, et en conformité avec le plan VISION 2030. L’Arabie Saoudite et la France ont en effet des objectifs de développement manufacturier très similaires détaillés comme des sous-parties de leur vision nationale pour la transition post-pétrolière en ce qui concerne l’Arabie Saoudite.

Le Programme national de développement industriel et logistique saoudien (NIDLP), partie intégrante du plus grand projet national VISION 2030, unifie toute la question de la fabrication et de l’industrie.

Le monde suit la série de changements et de développements que l’Arabie Saoudite a adoptés depuis 2015. En France, tout le monde observe ces progrès avec une grande admiration. La VISION 2030 entre dans la phase de mise en œuvre avec un rythme qui étonne les observateurs et les analystes économiques en Europe. Tout le monde ici voit la vision et le royaume dans sa nouvelle perspective qui fera de l’Arabie Saoudite le nouveau pionnier économique mondial.

Une coopération franco-saoudienne dans ce domaine, bien soutenue par les deux gouvernements, devra impliquer les PME des deux pays afin de garantir son succès et de favoriser l’émulation.

Conclusion : Nous sommes prêts à nous engager

  • Alors que les acteurs de la robotique, du big data, de l’IOT, sont prêts à se lancer dans cette révolution, ils doivent être guidés par un acteur commercial principal qui possède une expertise complète du processus. Cet expert sera celui qui adaptera les nouvelles technologies de fabrication aux exigences et aux normes de qualité de l’entreprise. La 5G rend cela possible. L’IoT devient un atout indispensable dans cette nouvelle ère industrielle.
  • À cet égard, un approfondissement et une diversification réussis de la relation économique bilatérale franco-saoudienne nécessiteront des acteurs français/saoudiens compétents techniquement dans le domaine de l’IA, de l’IoT et de la 5G, et capables de mobiliser les compétences et l’expérience nécessaires pour les divers projets conjoints entre les deux pays alliés.
  • En collaboration avec nos partenaires industriels en France, je me prépare à un nouvel événement industriel qui aura lieu prochainement (informations à venir). La présence de Saoudiens experts en industrie et en technologie lors de tels événements sera une occasion de faciliter le processus d’établissement de nouveaux partenariats industriels forts entre le Royaume et la France dans un cadre stratégique à long terme et une coordination et une gouvernance cohérentes avec la vision du Royaume 2030. Cela permettra également à la partie française d’identifier les changements fondamentaux que le Royaume a accomplis. Enfin, cela jettera de nouvelles bases pour une coopération technique et des échanges industriels réussis entre les deux pays.

Le Rôle de META 2c

META 2c est une entreprise franco-saoudienne qui se positionne comme un catalyseur, un facilitateur clé et unique dans la relation entre les entreprises européennes et les marchés de l’industrie dans les pays du Golfe Arabique, notamment le développement des technologies liées au secteur de la défense. En offrant des services tels que l’expertise métier (y compris sur des métiers d’ingénierie), l’analyse de marché, la planification stratégique et la gestion de projets, META 2c aide ses clients à naviguer dans le paysage complexe du secteur de l’industrie de la défense et des différences culturelles du monde des affaires, à identifier les opportunités de partenariats et à adapter leurs offres aux besoins spécifiques de la région.

L’expertise et le réseau étendu de ses experts industriels et politiques en Europe ainsi que le soutien de ses partenaires permettent d’établir des ponts solides entre l’Occident et le Golfe Arabique favorisant l’innovation et la croissance dans les secteurs de la défense, de l’industrie, de l’innovation, des technologies et de l’énergie ; ouvrant la voie à de nouvelles collaborations. Nous accompagnons de la start-up au grand compte et restons à l’écoute de votre projet.